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Numérique: Comment la Tunisie peut capitaliser sur l’explosion du commerce électronique

A l’échelle mondiale, le commerce électronique est en pleine expansion, atteignant des sommets historiques. En Afrique, ce phénomène est particulièrement marqué, et la Tunisie, bien que faisant face à des défis, présente un potentiel de développement considérable et voit son secteur du e-commerce évoluer rapidement malgré des obstacles notables.


Le commerce électronique connaît une révolution mondiale inédite. En 2024, les ventes mondiales devraient franchir la barre des 6,33 trillions de dollars, marquant une croissance de 8,8 % par rapport à l’année précédente. Cette expansion rapide, qui reflète l’augmentation continue des achats en ligne à travers le globe, est alimentée par plusieurs facteurs déterminants, dont l’essor du commerce mobile et l’accroissement des transactions internationales.

Une révolution mondiale

En effet, à l’échelle mondiale, le commerce mobile est en pleine explosion, avec des ventes attendues à 2,52 trillions de dollars en 2024, en hausse de 16,6 % par rapport à l’année précédente. Ce phénomène est principalement dû à la montée en puissance des smartphones et à l’amélioration continue des expériences d’achat mobile. Les consommateurs recherchent de plus en plus des solutions pratiques et accessibles, permettant une transition fluide entre les achats en ligne et les appareils mobiles.

Parallèlement, l’internationalisation des achats en ligne devient une tendance marquante, avec plus de la moitié des consommateurs effectuant des achats sur des marchés étrangers grâce à l’amélioration de l’expédition internationale. Cette dynamique souligne la nécessité pour les plateformes du commerce électronique d’optimiser leurs services pour les ventes internationales et d’améliorer l’accessibilité mobile.

Afrique : une croissance de 49 % à l’horizon 2028

En Afrique, le commerce électronique connaît une expansion rapide, avec des prévisions de croissance de 49 % d’ici 2028. Cette montée en puissance est propulsée par plusieurs facteurs clés, dont une amélioration significative de la connectivité et une adoption croissante des technologies numériques. En 2022, plus de 50 % de la population africaine avait accès à Internet, une avancée cruciale qui facilite l’accès aux plateformes de commerce en ligne.

Les jeunes générations, adeptes des nouvelles technologies, jouent un rôle déterminant dans cette transformation. En particulier, l’usage des applications mobiles et des plateformes de e-commerce a explosé, soutenu par une infrastructure de télécommunications en pleine expansion. Les smartphones, de plus en plus accessibles, permettent aux consommateurs d’accéder facilement aux boutiques en ligne, augmentant ainsi les opportunités de marché pour les entreprises locales et internationales.

Les politiques publiques favorables à l’innovation ont également contribué à cette dynamique. A titre d’exemple, le Kenya a mis en place des initiatives ambitieuses pour stimuler l’industrie des technologies de l’information et de la communication (TIC). Le programme «Konza Technopolis», une zone économique spéciale dédiée aux technologies, est un modèle d’investissement dans le développement des infrastructures technologiques et l’attraction d’investissements étrangers. Ce type d’initiative est représentatif des efforts déployés dans toute l’Afrique pour encourager l’innovation, soutenir les start-up et renforcer les écosystèmes technologiques locaux.

Mais là, il est important aussi de souligner que ces politiques sont souvent accompagnées d’incitations fiscales et de subventions pour les entreprises du secteur technologique, et de programmes de formation pour développer les compétences numériques de la main-d’œuvre. Par ailleurs, la création de hubs technologiques dans des villes comme Lagos, Johannesburg et Nairobi facilite les collaborations entre start-up et grands groupes, renforçant ainsi le réseau de soutien aux entreprises du commerce électronique.

En parallèle, les investissements étrangers, de la part de géants comme Amazon et Alibaba, amplifient cette croissance en injectant des fonds dans des infrastructures locales et en étendant leur présence en Afrique. Ces investissements ne se limitent pas seulement à l’amélioration des plateformes de vente en ligne, mais s’étendent également aux services logistiques et aux solutions de paiement, cruciales pour le bon fonctionnement du commerce électronique.

Cependant, malgré cette croissance impressionnante, l’Afrique doit encore surmonter certains défis pour réaliser pleinement son potentiel en e-commerce. Parmi ceux-ci, on trouve les inégalités d’accès à Internet entre zones urbaines et rurales, les problèmes de sécurité des transactions en ligne, et les barrières liées à la réglementation. Pour continuer sur cette lancée, il est essentiel que les politiques publiques continuent à soutenir l’innovation, que les infrastructures soient renforcées et que des solutions adaptées aux réalités locales soient mises en place.

Le e-commerce en Tunisie décrypté…

Pour la Tunisie, le commerce électronique est en pleine transformation, avec des signes de croissance significatifs depuis la pandémie du Covid-19. En 2023, le nombre de boutiques en ligne a atteint environ 1.100, et les transactions en ligne ont totalisé près de 540 millions de dinars tunisiens pour le premier semestre, avec 7,5 millions de transactions enregistrées. Ce bond spectaculaire, attribuable en grande partie à la pandémie, a entraîné une augmentation de 54 % des transactions par rapport à 2020  et une croissance encore plus marquée de 71 % pendant les périodes de confinement.

Cette dynamique positive se poursuit en 2024, avec une diversification accrue du marché et un développement rapide du secteur. Cependant, malgré cette croissance encourageante, le commerce électronique tunisien fait face à plusieurs défis notables.

L’un des principaux obstacles reste la méfiance des consommateurs envers les paiements en ligne, avec 84 % des transactions encore réalisées à la livraison. Ce manque de confiance est exacerbé par des lacunes dans la réglementation et un cadre juridique jugé insuffisant pour garantir un environnement de paiement sécurisé et efficace. De plus, une grande partie des ventes en ligne se fait à travers des réseaux sociaux sans statut juridique formel, limitant la transparence et la régulation du marché.

A cet ensemble s’ajoute le fait que l’accès au financement constitue un défi majeur pour les start-up  et les opérateurs du commerce électronique. Pour la Tunisie, l’accès au financement est souvent cité comme l’un des principaux défis pour les jeunes entreprises tunisiennes. De nombreux entrepreneurs dans le secteur du e-commerce peinent à sécuriser les fonds nécessaires pour lancer leurs activités, développer leurs infrastructures ou investir dans des technologies innovantes. Cette situation est exacerbée par un environnement financier où les options de financement sont limitées et souvent coûteuses.

De leur côté, les institutions financières traditionnelles, telles que les banques, sont souvent réticentes à investir dans les start-up en raison des risques perçus élevés et du manque de garanties tangibles. Les critères stricts de prêt, la lenteur des processus de demande et le manque de compréhension des spécificités du commerce électronique rendent le financement traditionnel particulièrement difficile à obtenir pour les entreprises émergentes dans ce domaine.

Un potentiel de développement considérable

Malgré ces défis, la Tunisie présente un potentiel de développement considérable pour le commerce électronique. Les entreprises tunisiennes peuvent tirer parti de la richesse des produits locaux, qu’il s’agisse d’articles artisanaux ou manufacturés, pour explorer le commerce électronique transfrontalier. L’amélioration des infrastructures de paiement et la mise en place d’une réglementation claire et favorable sont essentielles pour soutenir cette croissance.

Pour capitaliser sur ces opportunités, il est crucial que les acteurs du marché et les autorités tunisiennes collaborent étroitement. Renforcer l’environnement réglementaire, encourager les paiements électroniques  et sensibiliser les consommateurs aux avantages du commerce en ligne sont des étapes indispensables pour développer un écosystème de commerce électronique robuste et dynamique.

En surmontant ces obstacles et en exploitant les opportunités offertes par l’évolution numérique, la Tunisie pourrait voir son secteur du e-commerce non seulement prospérer mais également jouer un rôle clé dans la diversification et la modernisation de son économie, avec un potentiel de croissance significatif alimenté par une demande accrue et une riche offre de produits locaux.

Les chiffres récents illustrent une dynamique positive, mais, pour que cette croissance se pérennise et se renforce, il est impératif de surmonter les défis structurels qui freinent encore le secteur.

De ce fait, l’amélioration des infrastructures de paiement, l’élaboration d’un cadre réglementaire clair et la promotion des paiements électroniques sont des étapes cruciales pour établir un écosystème e-commerce robuste. Parallèlement, une collaboration étroite entre les acteurs du marché et les autorités est essentielle pour créer un environnement favorable à l’innovation et à la confiance des consommateurs. C’est en transformant ces obstacles en leviers de croissance que la Tunisie pourra véritablement capitaliser sur son potentiel et renforcer sa position dans l’économie numérique mondiale.

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